Épisode méconnu en métropole, mais très connu et présent à La Réunion, les Enfants de la Creuse est une affaire peu glorieuse de notre Histoire. Et c’est ce sujet qu’a décidé d’aborder Anaëlle Jonah dans son premier roman.
Elle y donne vie à Patricia, Michel, Marie-Thérèse et Joseph, une fratrie qui va se voir être arraché à sa douceur de vivre et forcée de quitter leur île pour Guéret dans le Creuse. À leur arrivée, la vie va s’avérer être très différente de ce qu’on leur avait dit, d’autant plus qu’ils vont rapidement être séparés.
Nous allons alors suivre Marie-Thérèse, la narratrice, et Joseph qui vont être placés chez un couple étant le double vivant des Thénardier. Ils vont en faire leur esclave à la ferme, n’hésitant jamais à les rabaisser et à les maltraiter à leur guise.
En parallèle de ce quotidien et de son enfance, une partie de l’histoire se passe à La Réunion où Marie-Thérèse retourne des années après pour récupérer le dossier de son frère Joseph. Celui-ci s’est suicidé à 28 ans et son recueil de poèmes publié a titre posthume est devenu une référence. Ainsi, elle fait tout pour qu’il soit reconnu par l’Etat, même si ce retour sur sa terre natale est un peu difficile émotionnellement parlant.
Ce livre dégage une telle force et sensibilité, qu’il m’a beaucoup touché et m’a évidemment donné envie d’en savoir plus sur cette affaire. L’idée d’avoir donné des noms et une histoire à ces milliers d’enfants est une très belle initiative de l’autrice. Le style est simple et poignant, j’avais l’impression que Marie-Thérèse me parlait directement, et la grande force d’Anaëlle est de m’avoir fait croire que Joseph Gosse avait existé.
Vous verrez entre certains chapitres que tout est fait pour croire à ce poète, et pour cela plus toutes les raisons que je viens d’évoquer, je vous invite à vous plonger dans ce formidable premier roman qui mérite une bonne place en cette rentrée littéraire chargée.
