Direction Québec et la bordure du parc de La Vérendrye pour pousser les portes d’un relais routier, assez miteux vu la description, et baptisé le Thank God. Dans ce lieu défraichi, la serveuse Symone, voit débarquer une femme qui n’a rien à voir avec le décor, car trop bien habillée, puis un routier, déjà plus local mais à l’air désespéré.
Ces deux-là vont vite découvrir que Symone subit des violences de la part de son gros Bob, tout juste bon à picoler et à passer ses nerfs sur elle. Ils vont aussi se rapprocher fortement et vont apprendre à se connaitre sous nos yeux en se dévoilant petit à petit à l’autre et aux lecteurs.
Clara est une femme riche qui a fugué de son mari et du mépris qu’il lui accorde, et Richard oublie la mort de son jeune fils en avalant les kilomètres au volant de son camion. Ces deux âmes perdues vont rester sur place plusieurs jours, n’ayant pas de but précis, le temps de sympathiser avec la serveuse et de lui proposer de l’aide, mais aussi de se prendre d’affection pour une jeune biche.
Et si dit comme cela, ça peut paraître brouillon comme histoire, ça ne l’est pas du tout, car l’ensemble se tient bien. C’est une histoire en plusieurs parties très touchante, humaine, racontée par le point de vue des personnages, et en québécois dans le texte, s’il vous plait (n’ayez pas peur, vous comprendrez tout). Il est aussi question de chantage et de vengeance violente, mais bien méritée, car comme le dit l’autrice, la littérature le permet, contrairement à la vraie vie.
Un joli livre qui saura autant vous émouvoir que vous faire sourire et vous surprendre par la capacité de Clara à monter des règlements de comptes avec les moyens du bord.