L’histoire débute avec un homme, semble-t-il savant, mourant seul dans les montagnes de Stockholm en 1650. Puis nous faisons un bond dans le temps pour nous retrouver en 1937 dans la galerie d’anatomie comparée de Paris, là où, toutes les nuits, un crâne se réveille et parle.
Nous apprendrons très vite qu’il s’agit du crâne de René Descartes, l’un des joyaux de la collection de Georges Cuvier. Le savant et philosophe attend impatiemment son transfert au musée de l’Homme, un meilleur écrin pour lui, mais cela tarde.
Quitte à ce qu’ils soient réveillés à chaque fois par ses plaintes, les animaux présents décident de demander au crâne de raconter son histoire pour tenter de comprendre pourquoi il doute de savoir lui-même qui il est. Car oui, Descartes se pose beaucoup de questions et il a une crise d’identité.
S’ensuit un long dialogue entre le crâne et les squelettes des animaux qu’il a qualifiés dans son Discours de la méthode d’animaux-machines sans esprit. Voilà une belle occasion pour eux de prouver le contraire au savant en parlant aussi de leurs histoires et du comment ils sont arrivés jusqu’au musée.
Un échange très constructif entre les deux parties, et très intéressant pour le lecteur, en tout cas pour ma part. Car outre le fait de parler des théories de Descartes, on découvre aussi très en détail le parcours chaotique et réel de ce fameux crâne dont je n’étais pas du tout au courant. Pour quelqu’un qui aime toujours apprendre des choses comme moi, c’était une lecture enrichissante, tout comme le dossier très complet en fin de BD.
J’ai beaucoup apprécié aussi la mise en page, le graphisme si particulier qui donne une vraie atmosphère à cette BD, le choix du noir et blanc à 90 % et qui contraste avec la poésie des quelques pages en couleurs. La tête de mort venue de Suède est autant un régal pour les yeux que pour le cerveau, réalisée avec beaucoup de talent par Daria Schmitt.