Youssef, notre héros, vit sa vie en France depuis des années où il exerce le métier de professeur. Retourner à Salé au Maroc, sa ville d’enfance le stress un peu. Mais entre l’héritage à liquider et avec 7 sœurs assez autoritaires, et qui savent faire culpabiliser, il n’avait pas le choix.
La veille du départ, il entend la voix de Najib dans son esprit, cet ami de jeunesse avec lequel il a connu ses premiers émois et expériences homosexuelles. Il vient pour lui parler de leur passé et lui demander une faveur, que Youssef se rende au Bastion des larmes pour penser à lui et pleurer.
Ce passé, Youssef a tout fait pour l’oublier, laisser derrière lui les insultes, les moqueries et les violences sexuelles subites à répétition, car il était un jeune enfant efféminé, et donc ne devait rien dire et se laisser faire. Najib, lui, avait essayé de s’extirper de sa condition en fuyant avec un colonel de l’armée qui allait le protéger, mais il l’a fait tomber dans le trafic de drogue sans scrupule.
Les deux hommes ont bien grandi, aujourd’hui l’un est en vie et va découvrir à contrecœur, en revenant dans sa ville, qu’au final rien n’a vraiment changé, l’autre ne l’est plus pour longtemps, mais s’était vengé à sa manière depuis son retour.
C’est un récit fort, sans détour, voir même cru par moment que propose ici l’auteur, mais avec tout de même beaucoup de poésie dans la plume pour ne pas alourdir les propos. L’homophobie ordinaire, la violence faite aux enfants par des adultes qui n’ont peur de rien, et les idées de vengeance sont bien présentes, contrebalancées par l’envie d’avancer et de pardonner de Youssef, même si rien n’est facile.
On ne sait pas s’il s’agit de fiction ou de réalité et si l’auteur se cache derrière Youssef, mais au final, ce n’est pas l’important et ce texte et cette histoire vous touchera à coup sûr.